Un documentaire raconte des vies d’agriculteurs « sur le fil »
Olivier Delacroix, journaliste spécialisé dans les sujets de société, est allé à la rencontre de cinq agricultrices et agriculteurs, pour un documentaire intitulé « Agriculteurs, des vies sur le fil », diffusé le 10 avril 2024 à 22h45 sur France 2. Il retrace des portraits sensibles pour des parcours compliqués, mais des personnes soutenues au quotidien par leur sincérité envers leur métier.
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« J’ai dû tout appendre seule, au fur et à mesure. À conduire le tracteur, à souder, à aider les vaches à vêler. Le plus difficile, c’est la charge mentale au quotidien. » Au décès de son mari Jean-Paul, lors d’un grave accident de tracteur, Estelle André se retrouve seule pour gérer l’exploitation de son conjoint, en Meurthe-et-Moselle, alors qu’elle était salariée à la Direction départementale des territoires (DDT).
Faire perdurer les valeurs
Aidée par l’apprenti, des voisins, le service de remplacement, puis un salarié, Fabien, avec qui elle va ensuite s’associer, elle fait face pour maintenir à flot la structure. Avec un objectif, faire perdurer les valeurs de Jean-Paul, qui s’était beaucoup investi pour monter un troupeau en race limousine, en bio. Le parcours d’Estelle est le premier du documentaire « Agriculteurs, des vies sur le fil » réalisé par Olivier Delacroix dans le cadre de sa série « Dans les yeux d’Olivier » diffusé sur France 2 le mercredi 10 avril 2024 à 22h45.
On y fait aussi la connaissance de Cathy, dans la Région Poitou-Charentes, qui a elle aussi subi un choc brutal : Son mari Vincent, éleveur, s’est suicidé en 2021, alors que la ferme était fortement endettée. Aujourd’hui, c’est Jean-Simon, leur fils, qui a repris l’exploitation et réussi à redresser la situation. Mais Cathy et ses deux enfants en veulent encore aux banques, aux fournisseurs qui ne les ont pas soutenus, et pire, exigé des comptes très peu de temps après le décès.
Le temps de l’écoute
Producteur de lait dans le Maine-et-Loire, Régis, s’est lui rebellé contre Lactalis, alors que le prix du lait était historiquement bas dans les années 2015-2016. Il est alors exclu, avec ses deux associés du Gaec, pour avoir dénoncé les marges abusives de ce géant de l’agroalimentaire. Heureusement, la collecte de lait est ensuite reprise pour la marque « C’est qui le patron ! ? », ce qui sauve l’exploitation. Moins sombre, mais aussi semé de difficultés, est le parcours de Floriane et Brice. Ils sont installés depuis 2020 en tant que maraîchers sur une ferme périurbaine, à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, sur un terrain qui appartient au conseil départemental. Vendant en circuit court, ils ne parviennent pas pour le moment à vivre complètement de leur activité et ont tous les deux un autre métier, « alimentaire ».
La force du documentaire d’Olivier Delacroix est de prendre le temps de l’écoute. Pointe alors la colère devant ces coups du sort, la crainte des difficultés techniques, économiques. Mais on retiendra de ces « vies sur le fil », le courage, la loyauté aux valeurs de « celui qui n’est plus là », la passion du métier. Le documentaire est accessible en rediffusion sur la plateforme France.tv.
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